Service à la cuillère : entre fascination et manque de fair-play
- Julien
- 10 juin 2024
- 3 min de lecture
Alors que les dernières balles ont été échangées sur la terre battue de notre rendez-vous annuel estival de Roland-Garros, un geste atypique a notamment marqué la première semaine du tournoi : le service à la cuillère. Corentin Moutet, avec sa première semaine remarquable, a insufflé une dose de fantaisie dans le tournoi en utilisant ce coup peu conventionnel avec une facilité et une régularité déconcertante. Tu nous as fait rêver Coco..

Un brin d'histoire
Le service à la cuillère, aussi connu sous le nom de "underarm serve" en anglais, n'est pas une nouveauté dans le tennis. Il a été utilisé épisodiquement par certains joueurs au fil des décennies, mais il reste toujours un plat rare sur le menu des coups classiques. Ses origines remontent à des décennies, mais c'est surtout dans les moments de troll ou de domination totale que certains joueurs osent sortir cette recette inattendue.
L'un des premiers en date à l'avoir popularisé fut René Lacoste, qui l'utilisait parfois pour surprendre ses adversaires dans les années 1920. Depuis, quelques joueurs audacieux ont tenté l'expérience, mais c'est seulement récemment qu'il a refait surface sur la scène professionnelle.
Des avis partagés
Le service à la cuillère divise autant qu'il intrigue. Certains y voient une touche de génie, une manière de déstabiliser l'adversaire en sortant des schémas classiques, tandis que d'autres le considèrent comme un manque de sérieux voire même un manque de respect envers l'adversaire. Les « puristes » du tennis peuvent se plaindre et fusiller cette audace, mais d'autres applaudissent l'originalité et le panache.
Certains anciens champions comme John McEnroe ont exprimé leur désapprobation, le qualifiant de "manque de respect". En revanche, d'autres joueurs de l’ère moderne voient en ce geste une manière de s'amuser sur le court tout en restant compétitif.
Quand le service à la cuillère devient une arme
Pourtant, pour certains joueurs, le service à la cuillère est bien plus qu'un simple coup spectaculaire. Des joueurs comme Nick Kyrgios ou Alexander Bublik l'ont adopté comme une arme redoutable, capable de semer le doute dans l'esprit de leurs adversaires. La variété dans le jeu devient alors un atout majeur, un moyen de casser le rythme et de prendre l'ascendant psychologique sur le terrain.
Nick Kyrgios, en particulier, est connu pour son style de jeu déconcertant et imprévisible, où le service à la cuillère n'est qu'une pièce de son arsenal. Pour lui, chaque coup est une occasion de surprendre, de divertir, mais surtout de gagner. Le service à la cuillère peut être un moyen efficace de briser la concentration de l'adversaire et de prendre le contrôle du point dès le départ.
Une question d'utilité pour les amateurs
Mais alors pour nous en tant qu’amateurs, est-ce que le service à la cuillère peut s’avérer utile ? Si certains voient en cette technique une opportunité de sortir du lot sur le court de quartier, d'autres redoutent plutôt le ridicule plus que la victoire. Cependant, il ne faut pas sous-estimer les bienfaits psychologiques de la surprise. Un service à la cuillère bien exécuté peut déstabiliser ton adversaire et lui faire commettre des fautes impardonnables.
Mais il faut garder à l'esprit que la réussite de ce coup nécessite un dosage précis entre l'audace et la maîtrise technique. Seule une parfaite connaissance de ton jeu et de ton adversaire (et de ch...ance comme dirait Benoît Paire) peut transformer ce coup de folie en coup de maître.
Vers quel avenir pour le tennis ?
Alors, quel avenir pour le service à la cuillère dans le monde du tennis ?
Tout dépend à quelle échelle nous nous plaçons. Au niveau amateur, le service à la cuillère est très régulièrement usé notamment sur les seconds services pour assurer et éviter les doubles fautes. Nul doute que ce coup poursuivra son cours, d’autant plus qu’à ce niveau la perception de manque de fair-play est quasiment inexistante.
A l’inverse du côté professionnel, les avis sont davantage partagés. Si certains experts espèrent qu'il restera cantonné à des matchs d’exhibition, d'autres voient en lui le potentiel de réinventer le jeu.
Dans un sport où l'innovation est souvent saluée, le service à la cuillère pourrait bien trouver sa place aux côtés des coups les plus classiques. Qui sait, peut-être verrons-nous un jour un joueur ou une joueuse remporter un Grand Chelem en servant plus de cuillères que de services classiques. Si ce jour arrive, que l’on érige immédiatement une statue pour ce champion ou cette championne.
Et vous, que pensez-vous du service à la cuillère ? N’hésitez pas à partager et laissez votre avis dans les commentaires !
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